Humeur : Gilbert Montagné : « l’industrie musicale a été aveugle »
vu sur pcinpact.com
Interrogé par le site Ozap, Gilbert Montagné y va de sa critique acerbe contre l’industrie du disque. À la lecture de ces lignes, on comprend pourquoi le nom de l’intéressé ne figure pas dans l’appel des artistes en faveur du projet Hadopi (riposte graduée, filtrage et surveillance généralisée du Web).
À la question « vous êtes touché par la crise du disque qui doit faire face à Internet ? », l’artiste répond sans oublier cette touche d’humour qui lui est propre : « non, dans le sens où je suis peut-être non-voyant, mais pas aveugle dans l'esprit. Au sujet de la crise d'Internet, c'est l'industrie musicale qui a été aveugle, car ils n'y ont pas cru au départ. On ne peut pas se plaindre d'un incendie quand on a donné des allumettes à l'incendiaire. »
Le contrôle impossible des téléchargements gratuits
Et l’auteur de défendre cette solution qui révulse tant les argentiers des majors : une taxe pour compenser les copies sur le Web. « S'ils avaient pris les précautions à prendre, ça ne serait pas arrivé. J'ai toujours cru qu'il fallait dès le départ mettre une taxe minime sur chaque ordinateur vendu, ça aurait fait une compensation. Il ne s'agit pas de museler les internautes : quand on a la possibilité de télécharger des titres gratuitement, comment voulez-vous qu'on ne le fasse pas ? C'est évident. » Message transmis par missile aux Big Four dont certains représentants défendent l'idée d'une taxe, mais sûrement pas en contrepartie d'une quelconque copie privée sur Internet.
L'industrie frappée de cécité psychologique
L’auteur de The Fool revient à la charge en prenant l’exemple de la rémunération pour copie privée. À condition d’être bien dosés, ces quelques centimes apposés sur les supports vierges permettent de compenser la possibilité pour le particulier de réaliser des copies privées. « On a fait une petite taxe sur chaque K7 et ça n'a fait bondir personne. Si sur chaque achat d'un ordinateur, on met une petite taxe, ça ne fera pas bondir grand monde. Et qu'on n'embête pas les internautes qui téléchargent : je ne les blâme absolument pas, c'est l'industrie du disque qui a été frappée d'une cécité psychologique. Ils s'en sont rendu compte trop tard, mais quand on est pros, on est pros ».
Cet amateurisme sera la cause de la mort de ces majors, prédit encore ce non-voyant célèbre qui croit en la possibilité pour chaque artiste de commercialiser directement les disques sur le Web. « Les majors n'existeront plus dans quelque temps et il faut savoir se recycler. Ce n'est pas affolant, ça ne me fait pas peur du tout. »
Bien "vu" Gilbert ! (en voilà un qui remonte dans mon estime...)